Chapitre 15

 

CHÈRE DWAHVEL

 

 

— Ah, mon ami, comme tu m’as trompé ! chuchota Jarlaxle.

Entreri était loin d’être tiré d’affaire. Sans défense, il flottait dans un état de semi-conscience. Plutôt que de le guérir tout à fait – comme il en avait le pouvoir –, Jarlaxle prit le temps de réfléchir à la situation.

Il allait déterminer si Entreri l’avait sauvé ou condamné quand il capta un appel des plus familiers. Un grand sourire naquit sur ses lèvres.

Crenshinibon ! L’humain l’avait sur lui !

Repassant en revue les gestes d’Entreri lors de son attaque, il comprit que le tueur ne s’était pas contenté de le délester de sa bourse d’un coup de lame, la faisant apparemment tomber à ses pieds… Il avait en réalité lâché une bourse de substitution contenant une réplique de l’artefact…

Et Jarlaxle n’y avait vu que du feu !

— Mon sournois ami… (Le blessé l’entendait-il ?) Quelle joie de constater, une fois de plus, que je ne t’ai pas sous-estimé !

Souriant, il voulut déboucler le ceinturon d’Entreri… dont la main vola sur son bras.

En un clin d’œil, Jarlaxle dégaina une dague, prêt à poignarder le blessé. Mais l’humain ne bougeait plus. Entreri ne cherchait pas à s’armer.

Il riva sur le drow un regard… plaintif.

Jarlaxle entendit l’Éclat de cristal le pousser à l’achever et à reprendre ce qui lui revenait de droit.

Il faillit céder, mais l’appel de Crenshinibon avait beaucoup perdu en force de persuasion et en séduction…

— Ne fais pas ça, chuchota Entreri. Tu ne peux pas le contrôler…

Jarlaxle recula et l’étudia.

— Toi, oui ?

— Voilà pourquoi il se tourne vers toi… (La plaie d’Entreri s’était rouverte et saignait. Sa respiration devenait laborieuse.) L’Éclat de cristal n’a aucune prise sur moi…

— Et pourquoi ça ? fit Jarlaxle, sceptique. Artémis Entreri aurait-il adopté le code moral de Drizzt Do’Urden ?

Le tueur, qui voulut glousser, faillit s’étrangler. Il fit la grimace.

— Sur bien des plans, Drizzt et moi ne sommes pas si différents. Prends la discipline, par exemple…

— Et elle empêcherait l’artefact de te dominer ? demanda Jarlaxle, plus dubitatif que jamais. Selon toi, je manque de discipline… ?

— Non ! grogna Entreri en tentant de s’asseoir tout en se maintenant le flanc.

La douleur le terrassa.

— Non, répéta-t-il plus calmement, un moment plus tard, le souffle court. Le code de Drizzt tenait en échec Crenshinibon, exactement comme le mien. Il ne s’agit plus d’un code de moralité, mais d’indépendance, voilà tout.

Jarlaxle passa du doute au soupçon.

— Pourquoi l’as-tu pris ?

Entreri allait répondre quand une autre vague de souffrance lui coupa ses moyens. Il grimaça de nouveau.

Son compagnon fouilla dans les replis de sa cape et sortit un petit orbe. Il le tendit en direction d’Entreri et se lança dans une incantation.

Presque aussitôt, le tueur se sentit mieux. À mesure que Jarlaxle chantait, il retrouva des forces, ses plaies se refermant et son souffle se faisant plus léger…

Avant qu’il soit tout à fait remis, le drow s’arrêta.

— Réponds à ma question.

— Ils venaient te tuer, répondit Entreri.

— Manifestement. N’aurais-tu pas pu te contenter de me prévenir ?

— Insuffisant ! Ils étaient trop nombreux et savaient que ta principale ligne de défense serait l’artefact. Ils voulaient donc le neutraliser temporairement.

Le premier élan de Jarlaxle fut d’exiger la restitution de son bien. Ensuite, il retournerait affronter ses lieutenants et leur ferait payer cher cette trahison.

Il se ravisa et préféra continuer à écouter les explications de l’humain.

— Ils avaient raison de vouloir te le prendre, ajouta hardiment le tueur.

S’attirant un regard noir du drow.

— Prends du recul, continua Entreri. Bouche-toi les oreilles et analyse tes actes de ces dix derniers jours… Vous pouviez rester à la surface à condition de garder votre identité secrète… Et que fais-tu ? Tu ériges des tours de cristal ! Malgré toute sa puissance, et même avec Crenshinibon, Bregan D’aerthe ne peut pas régner sur le monde ! Pas même sur la ville de Portcalim… Et regarde un peu ce que tu as tenté d’accomplir !

Jarlaxle voulut l’interrompre à plusieurs reprises… et ravala ses protestations.

L’humain avait raison. Il le savait. Il s’était enlisé dans un beau bourbier.

— Inutile d’aller s’expliquer devant les usurpateurs…, lâcha le mercenaire.

Entreri secoua la tête.

— L’Éclat de cristal a poussé tes lieutenants à cette rébellion. (Jarlaxle sursauta, comme sous l’effet d’une gifle.) Tu étais trop rusé à son goût, alors que l’ambitieux Rai-guy sera beaucoup plus malléable.

— Tu dis ça pour m’apaiser.

— Je le dis parce que c’est la vérité, rien de plus. (Il dut marquer une pause lorsqu’il fut pris d’un nouvel accès de douleur. Il grimaça.) Réfléchis, et tu admettras que j’ai raison. Crenshinibon ne cessait de te pousser dans une direction et pas dans une autre…

— Ou il me contrôlait, ou il ne me contrôlait pas !

— Il te manipulait. Comment peux-tu encore en douter ? Mais pas assez à son goût… Il estimait que Rai-guy lui résisterait beaucoup moins.

— J’étais allé à Dallabad abattre la tour de cristal, ce que l’artefact ne désirait sûrement pas ! Pourtant, j’aurais pu ! J’avais neutralisé toute tentative d’interférence.

— Tu aurais pu ? s’exclama le tueur, incrédule.

— Mais… bien sûr ! répondit Jarlaxle en balbutiant.

— Et tu n’en as rien fait ?

— Quelle raison avais-je de la détruire du moment que…

Sa voix mourut. Choqué, Jarlaxle se rendit compte de ce qu’il était en train de dire… Comme il s’était laissé duper ! Lui, le maître des intrigues, abusé ainsi…

Dire qu’il s’était cru le plus fort !

— Laisse-moi faire, enchaîna Entreri. L’Éclat de cristal tente de me manipuler, mais il n’a rien à m’offrir. Donc, il n’a pas de prise sur moi.

— Il ne cessera de saper tes défenses… Il cherchera tes faiblesses et les exploitera.

Entreri hocha la tête.

— Son temps Louche à sa fin…

Jarlaxle le regarda, intrigué.

— Je n’aurais pas dépensé tant d’énergie ni consacré tant d’heures à te sortir des griffes de ces misérables, si je n’avais pas eu un plan !

— J’écoute.

— En temps voulu, promit le tueur. Maintenant, je te supplie de ne pas reprendre l’Éclat de cristal et de me laisser me reposer.

Il s’allongea et ferma les yeux, conscient que sa seule défense, si le drow l’attaquait encore, serait Crenshinibon. Mais dès qu’il recourrait à l’artefact, ses boucliers mentaux en seraient affaiblis. Au point peut-être de l’amener à abandonner sa mission, à se soumettre à son tour et à se laisser guider…

À sa perte. Ou à un sort pire que la mort.

Mais par bonheur, ainsi que le constata de nouveau l’humain sous ses cils entrouverts, Jarlaxle était du genre à réfléchir avant d’agir… Non, dans l’immédiat, après tout ce qu’Entreri venait de lui expliquer, le drow ne chercherait plus à lui nuire. Même pour récupérer Crenshinibon.

Avant de brusquer une situation dont les tenants et les aboutissants continuaient visiblement de lui échapper, Jarlaxle attendrait d’abord de voir comment tout ça tournerait.

Sur cette pensée rassurante, Entreri s’endormit.

Et sentit, avant de plonger dans l’inconscience, l’influence bénéfique de l’orbe magique de son compagnon.

 

***

 

Surprise de voir ses doigts trembler, la halfeline déroula la lettre.

— Ciel, Artémis, j’ignorais même que tu savais écrire…, ironisa-t-elle en découvrant la belle calligraphie aérée.

« Ma chère Dwahvel », lut-elle à voix haute… avant de s’interrompre, interloquée.

Comment prendre ce genre d’en-tête ? Était-ce une pure convention ? Ou des mots venus du cœur, un signe d’amitié ?

Dwahvel mesura à quel point elle connaissait peu cet homme. Il avait toujours affirmé que son seul désir était d’être le meilleur. Mais dans ce cas… Pourquoi n’avait-il pas utilisé à son avantage l’Éclat de cristal dès qu’il l’avait détenu ? Et Dwahvel savait qu’il était en sa possession. À Dallabad, ses contacts lui avaient décrit en détail l’effondrement des tours de cristal, suivi par la fuite d’un humain – Entreri – et celle d’un elfe noir… Sans doute Jarlaxle.

Selon toute vraisemblance donc, le plan du tueur avait été couronné de succès. Malgré des ennemis redoutables, Entreri était arrivé à ses fins…

Dwahvel n’avait jamais douté de son succès.

Après s’être assurée que sa porte était verrouillée, elle s’installa à son petit bureau, y posa la lettre, l’empêcha de s’enrouler sur elle-même en disposant à chacune de ses extrémités un presse-papiers confectionné à l’aide d’énormes pierres précieuses et commença sa lecture.

À plus tard les analyses !

 

« Ma chère Dwahvel,

L’heure est venue de nous séparer, et croyez que je le regrette. Ma chère amie, nos conversations me manqueront. J’ai rarement fréquenté quelqu’un en qui je puisse avoir assez confiance pour être sincère. Cette fois encore, la dernière, je vous ouvrirai mon cœur. Pas dans l’espoir d’être conseillé ou encouragé, mais avec celui d’en venir à mieux comprendre ce que je ressens…

C’était ce qui faisait toute la beauté et le sel de nos entrevues, n’est-ce pas ?

En y repensant, vous m’offriez rarement des conseils. Pour l’essentiel, vous vous contentiez d’écouter. En m’entendant vous exposer le fond de ma pensée, j’y voyais plus clair. Était-ce votre mine, un simple hochement de tête ou un sourcil haussé qui me poussait vers tel ou tel raisonnement ?

Je l’ignore.

« Je l’ignore »… C’est devenu une litanie dans ma vie, Dwahvel. J’ai l’impression que les fondations mêmes de mes croyances et de mes actes n’ont plus aucune solidité… Ce sont des sables mouvants. Plus jeune, j’avais toutes les réponses. J’évoluais dans un monde de certitudes. Mais après quatre décennies d’existence, je n’en ai plus qu’une : la conviction que je ne sais véritablement rien.

C’était tellement plus simple à vingt ans ! Si facile d’arpenter le monde avec des objectifs ancrés…

Dans la haine, je suppose, et le besoin d’exceller en mon art. C’était mon but : être le meilleur guerrier et graver mon nom dans l’histoire des Royaumes… Tant de gens pensaient que l’orgueil m’y poussait, que je voulais les voir trembler rien qu’à entendre mon nom, et par pure vanité…

Ils avaient partiellement raison, j’imagine. Quelles que soient nos protestations ou notre définition du terme, nous sommes tous vaniteux. En ce qui me concerne, néanmoins, le désir d’asseoir ma réputation le cédait au désir – non, pas au désir, au besoin impérieux – d’être le meilleur dans ma profession. Ma réputation s’est faite, petit à petit, et j’ai beaucoup apprécié. Pas par fierté, mais simplement parce que je savais que provoquer une telle peur me permettrait de franchir l’armure émotionnelle de mes adversaires, ce qui est un avantage considérable.

Une main qui tremble ne frappera jamais juste.

Bien sûr, j’aspire toujours à l’excellence, tout simplement parce que ça m’offre un but dans une vie qui ne m’apporte pratiquement plus aucune joie.

Avoir vaincu la seule personne qui a tenté de me faire prendre conscience de la nature stérile de mon univers… Quel paradoxe ! Drizzt Do’Urden, que je hais toujours, a su voir la vacuité de mon existence, qu’il s’agissait d’un miroir aux alouettes dont je ne pourrais tirer aucun avantage et qui ne me permettrait jamais d’aspirer au bonheur. Je n’ai jamais cherché à le contredire, puisque, à mes yeux, son avis n’avait aucune importance… Il fondait sa vie sur ses amis et sa communauté alors que la mienne était dédiée à l’égoïsme… Quoi qu’il en soit, tout ça me paraît être une comédie sans rime ni raison, un spectacle réservé au plaisir des dieux… Une promenade sur de ridicules tertres que nous prenons pour des montagnes et à travers des vallées qui nous semblent bien plus encaissées qu’elles le sont en réalité…

Mais rien ne compte vraiment. La bassesse de la vie même, voilà l’objet de ma protestation.

Ou peut-être n’est-ce pas Drizzt qui m’a fait baisser les yeux sur les sables mouvants ? Mais Dwahvel, qui ma donné ce que j’ai rarement connu – et jamais bien.

Une amie ? Je ne suis toujours pas certain de comprendre ce concept, mais si je me penchais dessus, je prendrais pour exemple le temps que nous avons passé ensemble.

Alors… Est-ce une lettre d’excuse ? Je n’aurais pas dû vous imposer Sharlotta Vespers. J’espère que vous l’avez torturée à mort puis que vous avez enterré son cadavre loin d’ici, comme convenu.

Combien de fois m’avez-vous interrogé sur mes plans ! Je me contentais d’en rire. Mais vous devriez savoir, chère Dwahvel, qu’il est dans mes intentions de subtiliser un terrible artefact avant que d’autres fassent main basse dessus. Une tentative désespérée, j’en ai peur, mais l’artefact m’appelle, exigeant que je le débarrasse de son « maître » actuel.

Alors… Je m’en emparerai parce que je suis le meilleur dans mon domaine, en effet. Ensuite, je fuirai loin d’ici pour ne peut-être jamais revenir.

Adieu, Dwahvel Tiggerwillies. Je vous l’assure, vous ne me devez rien, et pourtant, je me sens redevable envers vous… La route qui m’attend sera longue et semée d’embûches, mais mon objectif est en vue. Si je l’atteins, plus rien ne me menacera vraiment.

Adieu !

AE »

 

La halfeline repoussa le parchemin et écrasa une larme en riant de tant d’absurdité. Des mois plus tôt, si on lui avait dit qu’elle regretterait le jour où Artémis Entreri sortirait de sa vie, elle aurait éclaté de rire en traitant le quidam de fou furieux.

Pourtant, n’avait-elle pas sous les yeux une lettre au caractère aussi intime que leurs conversations… qui lui manquaient déjà ? Ne se reverraient-ils plus jamais ?

Pas dans un avenir proche, en tout cas.

Ces regrets, partagés à en croire la lettre, étonnaient Dwahvel. Dire qu’elle avait si bien su susciter l’intérêt de cet homme ! Un tueur qui régnait dans l’ombre sur Portcalim depuis une vingtaine d’années…

Quelqu’un avait-il jamais été proche d’Artémis Entreri ?

Personne de vivant, en tout cas.

Elle relut, à la fin de la lettre, les mensonges du tueur sur ses intentions. Il avait pris soin de ne rien mentionner qui ait pu inciter les elfes noirs à croire que Dwahvel Tiggerwillies connaissait leur secret ou celui de Crenshinibon. Ses fausses instructions à propos de Vespers protégeaient également la halfeline. Au besoin, ça lui vaudrait même la compassion de Sharlotta et de ses maîtres.

À cette pensée, Dwahvel frémit. Dépendre de la « compassion » des elfes noirs… Quel cauchemar !

Par chance, on n’en arriverait pas là. À supposer que les drows remontent jusqu’à son établissement, elle s’empresserait de montrer la lettre du tueur à Vespers… qui verrait alors en elle une partenaire utile.

Oui, Artémis Entreri s’était donné beaucoup de peine pour protéger Dwahvel des retours de bâton que pourrait lui valoir sa participation à la machination. Cela, plus encore que ses écrits aimables, était révélateur de la profondeur des liens qui, contre toute attente, s’étaient tissés entre eux.

— Fuyez loin d’ici, mon ami…, chuchota-t-elle. Glissez-vous dans les trous les plus profonds…

Après avoir délicatement roulé le parchemin d’une main songeuse, elle le rangea dans l’un des tiroirs de son bureau. Le bruit de ce tiroir qui se refermait lui déchira le cœur.

Artémis Entreri lui manquerait.

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